Par Stéphane Deslauriers
« Sortez de votre zone de confort. Vous verrez, c’est un monde merveilleux qui vous attend de l’autre côté. C’est magique. Cela vous permet de devenir des héros fantastiques et de réaliser tous vos rêves. »
Ces phrases, vous les avez probablement entendues des centaines de fois. Elles sont véhiculées dans la culture populaire d’affaires et sont mises de l’avant par de nombreux motivateurs ou conférenciers. Personnellement, je suis tout à fait d’accord avec elles. Il est vrai que lorsque nous sortons de notre zone de confort, des choses inespérées arrivent. Mais la vraie question pour moi n’est pas de le faire ou de ne pas le faire. La vraie question est « pourquoi est-ce si difficile de le faire?»
C’est la question qui m’a habité au cours des derniers mois. Et j’y ai trouvé quelques pistes de réponses que je vous partage aujourd’hui.
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Comme vous le savez peut-être, je suis un curieux de nature et depuis mon plus jeune âge, je m’intéresse à l’évolution des espèces vivantes sur cette terre. Je me souviens très bien de mon premier cours optionnel au cégep, un cours d’anthropologie, qui mettait en évidence l’évolution humaine. Récemment, j’écoutais un documentaire du « National Geographic » sur l’évolution de la lignée humaine et du genre Homo. Un élément que l’un des professeurs invités a mis en évidence est que le genre Homo évolue sur terre depuis environ 2,8 millions d’années. Il expliquait que la création de cette nouvelle espèce sur terre provient du fait qu’elle est la première à avoir décidé entre autres de se lever sur ses deux pieds, de quitter les arbres afin de se déplacer dans la savane africaine. Un élément que ce spécialiste mettait en évidence est qu’au final, les premiers « hommes » n’ont pas « décidé » de marcher, c’est qu’ils y ont été forcés. Vivant dans la savane africaine, où les arbres sont rares, ils devenaient des cibles faciles pour les prédateurs nombreux. Ils ont été « obligés » de quitter leur « zone de confort » en quittant les arbres pour survivre dans un monde rempli de prédateurs. Ils vivaient comme des « proies ». Mais contrairement aux autres proies de la savane, ils ne courraient pas très vite, ils n’avaient pas de cornes ou d’armure naturelle pour se défendre, ils ont dû trouver dans leur environnement des méthodes afin de vivre en sécurité. Ils se sont créé une nouvelle zone de confort afin de survivre.
Il faut bien comprendre que l’une des émotions qui guident le plus le comportement des proies est la peur. Cette peur qui les pousse à se sauver lorsqu’un prédateur se met à leur chasse. Cette peur est aussi l’émotion qui motive les proies à se regrouper ensemble et de se défendre. Cette peur mobilise l’intellect des proies afin de « reconstruire » cette zone de confort dans un nouvel environnement. Mais bien sûr, cette peur est aussi l’émotion qui paralyse, celle qui nous empêche d’aller plus loin que la zone protégée. Vous pouvez imaginer tous ces impacts de la peur.
Un élément important que ce spécialiste racontait est que cette peur est « génétiquement imprégnée » dans notre ADN. Et que 2,8 millions d’années laissent des traces même si aujourd’hui nous contrôlons notre environnement.
Parlons-en du contrôle de l’environnement. Malgré le fait que nous nous imaginons en contrôle de notre environnement, cela ne fait que 300 ans que nous avons un certain contrôle sur celui-ci. Et soit dit en passant, nous voyons ce que ce contrôle a comme résultat aujourd’hui. Mais revenons à cette zone de contrôle.
La peur ayant été une des émotions principales de l’évolution de l’espèce humaine, nous avons toujours cherché – et quelque part nous cherchons toujours – à gérer cette anxiété qu’occasionne la peur. Mais quelle est notre réponse? Toujours la même : nous créer une « zone de confort » ou une « zone de contrôle de notre environnement ». Donc en fait, le confort vient du contrôle de l’environnement.
En un mot, plus vous exercez votre contrôle sur votre environnement, plus vous concentrez votre zone de confort. Vous me suivez?
Mais quelque part, nous savons tous que sortir de notre zone de confort nous permet d’évoluer. Tout comme nos ancêtres du genre Homo qui quittèrent la sécurité des arbres, sortir de votre zone de confort vous permet d’évoluer et de grandir dans votre monde.
Donc finalement pour grandir et évoluer vous devez « laisser votre zone de contrôle » et prendre des risques. Vous devez affronter vos peurs et aller plus loin.
Vous êtes d’accord?
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Concrètement, qu’est-ce que cela veut dire?
Bien des gens que nous rencontrons ont trouvé leur zone de confort dans un environnement ou leur connaissance technique devient leur confort. Plus ils concentrent leurs efforts à « être excellents techniquement » plus ils se sentent en contrôle, donc « en confort ». Pour beaucoup, cette zone de confort est pour eux une raison de vivre.
D’autres au contraire ont trouvé leur zone de confort dans l’échange avec les gens, rebutant l’administration et la technique. Ils rencontrent une grande quantité de gens, échangent des cartes, et on un réseau fantastique. Mais lorsque vient le temps travail d’être précis, ils laissent ça à d’autres, mais contrôlent en détail ce que ces mêmes personnes font.
Ainsi, ces mêmes personnes vont construire « tout un argumentaire rationnel » qui justifie le fait qu’ils n’ont pas à sortir de leur zone de confort. Tout comme les grands singes qui restent dans leurs arbres, à l’abri des prédateurs, ils ne prennent pas le risque de descendre sur la terre pour affronter les prédateurs et mettre en péril leur existence.
Dans le monde moderne, peu de gens sont en danger de mort dans le monde moderne. Mais mettre en péril leur « réputation professionnelle » leur environnement de contrôle devient alors un enjeu important. Alors lorsque leur organisation leur demande un peu plus de faire autre chose que leur expertise technique, ils refusent tacitement ou implicitement de le faire. Ils restent dans leur zone de confort, même si au fond d’eux, ils savent qu’ils décident tacitement de ne « plus évoluer ». À moins que l’organisation force le changement. Que ce soit par la peur ou par la récompense…
Mais nous sommes dans un monde ou tous ont le choix. Personnellement, je respecte totalement le choix de chacun, mais il faut être conscient des choix que nous faisons. Ainsi, les gens qui concrètement restent dans leur zone de confort en ne mettant pas en « danger » leur zone de contrôle verront inévitablement leur évolution professionnelle ralentir.
Alors mon message aujourd’hui est simple.
Prenez vos décisions.
Décidez aujourd’hui d’évoluer ou non.
Si vous décidez de ne pas évoluer, restez dans votre zone de confort et votre zone de contrôle, acceptez simplement que ce soit VOTRE décision. Donc ceci implique entre autres :
Acceptez que votre organisation favorise les gens qui évoluent
Acceptez que vous vous soyez limité dans vos opportunités
Acceptez que votre de confort se réduira progressivement
Acceptez que le contrôle devienne l’élément clé de votre vie
Acceptez de vivre dans l’incertitude que cette zone de confort un jour soit en péril
Si vous décidez d’évoluer
Forcez votre mouvement à l’extérieur de votre zone de confort
Essayez des choses nouvelles
Rencontrez de nouvelles personnes
Déléguez des responsabilités
Lancez-vous dans de nouveaux projets, de nouveaux défis
Tentez l’impensable pour vous
Impliquez-vous!
Et accepter de devoir affronter la peur, le doute, l’incertitude.
Une chose est sûre, vous évoluerez inévitablement, que ce soit dans votre organisation, ailleurs ou simplement pour vous-même. Vous serez plus fort, plus adaptable, et surtout mieux dans votre peau
Pour finir, voici un petit quelque chose qui donne de l’énergie à qui veut bien l’écouter!
C’est à vous de décider!